Prés de 300 manifestants défilaient mardi à Avignon pour demander davantage de moyen dans les secteurs social et médico-social. Ces éducateurs, assistantes sociales, professionnels de la petite enfance étaient en grève à l’appel de la CGT. Des personnels syndiqués à la CFTC ou à Sud étaient aussi dans le cortège.
Conditions de travail indécentes face à la précarité
Emmitouflée dans le mistral, Barbara a rejoint le cortège pour dire sa colère d’être invisible. Cette assistante sociale pour le conseil départemental de Vaucluse souligne qu’elle « s’occupe des populations les plus en difficultés et on en a ras le bol d’être des oubliés. On a des conditions de travail indécentes face à des montées de précarité. Nous manquons de personnel et de dispositif. On est assommés de travail. On n’est pas assez nombreux. Ils ont du mal à recruter des travailleurs sociaux. Ce n’est plus un métier qui fait rêver. On défend notre métier pour le bien des gens qu’on reçoit. C’est un manque de reconnaissance pour nous et pour eux. Ce qui est le plus écœurant, c’est d’être invisible parmi les invisibles. »
Pas de prime de 183 euros malgré l’urgence sociale
Nathalie est éducatrice dans un foyer qui héberge des enfants et des jeunes en difficulté en Vaucluse. Elle défilait pour ne plus être invisible : « nous sommes de la fonction publique hospitalière sauf que notre secteur, celui du social, n’est pas considéré comme soignant. On n’est pas concernés par le Complément de Traitement Indiciaire (183 euros nets par mois) mais on est concerné par tout le reste : réorganisation des heures, obligation de continuité du service, accueil d’urgence sans moyens supplémentaire ». Cette éducatrice pointe aussi le déficit de recrutement car « on ne trouve plus personne qui travaillent en internat, un weekend sur deux ou par tranche de sept jours« . Elle a quitté son service pour défiler, car elle « estfatiguée d’être oubliée. Nous ne voulons plus être invisible car notre mission est importante ».
Dégradation terrible des métiers du social en 20 ans
Sa collègue Virginie l’accompagne dans le cortège. Elle est éducatrice en Vaucluse dans une structure de protection des enfants. Elle évoque le ras-le-bol et un métier qui se dégrade. Elle confie : « j’ai vu mon métier se dégrader terriblement en 20 ans. Je travaille dans la protection de l’enfance mais ce mot me fait rire hélas car les enfants sont en danger. Les éducateurs sont aussi en danger car notre métier doit répondre de plus en plus à des consignes de rentabilité et de respect du prix de journée ».